L’affaire Ford Pinto en détail

Peu nombreux sont ceux et celles qui se souviennent des terribles évènements entourant la Ford Pinto pourtant devenue célèbre pour ses propriétés inflammables.
Des débuts inquiétants
Tout commence par le contexte économique de la fin des années 60. Les voitures européennes commençaient à devenir de plus en plus populaires en raison de leur faible consommation d’essence. C’est donc pour répondre à cette difficulté que Ford à penser crée une nouvelle voiture plus petite et économique que les autres. C’est donc le 11 septembre 1970 qu’a été introduite sur le marché la première Ford Pinto.
Plusieurs tests de collisions ont été effectués avant et après le lancement de la voiture. Lors de ces tests, on a clairement pu démontrer que la voiture pouvait littéralement s’enflammer en cas de collisions arrière à une vitesse moyenne de 30 kilomètres par heure. Malgré l’avertissement des ingénieurs, les dirigeants de Ford à l’époque ont simplement fermé les yeux sur la situation en raison de la trop forte pression économique.
Les belles années qu’a connu la Pinto à ses débuts se sont vite envolées en fumé quand on a découvert que la voiture présentait une défaillance technique potentiellement dangereuse, voir mortel.
Un sérieux problème
Dans un premier temps, il a été démontré que le réservoir à essence pouvait se détacher de la voiture et s’enflammer lors d’une collision entre 30 et 40 kilomètres par heure. Toutefois, ce n’était là qu’une partie du problème, car en raison de la faiblesse de son châssis, la Ford Pinto avait tendance à se déformer lors du même impact, empêchant ainsi l’ouverture des portières. Les gens étaient donc piégés et tués par les flammes à l’intérieur de la Pinto, car la collision n’était souvent pas assez puissante pour être mortel.
En septembre 1977, un article qui a pour titre Pinto Madness est publié par Mark Dowie dans le Mother Jones Magazine. L’auteur de l’article dénonce en partie la grande dangerosité du véhicule résultant de l’impact à basse vitesse, de l’explosion et de l’emprisonnement à l’intérieur de celui-là. L’article devient intéressant dans la mesure ou après sa publication beaucoup de gens ont envoyé des lettres au National highway transportation safety administration (NTHSA) afin qu’il réagisse à la situation. L’article a également eu pour effet de faire bouger les choses, car après sa publication, les journaux et les chaines de télévision ont commencé à s’intéresser à la Ford Pinto et ils ont rapidement médiatisé l’évènement.
La valeur d’une vie humaine selon Ford
Quand le président Kennedy a approché le président de Ford pour devenir secrétaire de la défense, celui-ci n'a pas hésité à profiter de la situation. Voyant que le gouvernement procédait souvent à des analyses de coût-bénéfice, il s'est empressé d'appliquer cette formule à son travail. Ford a donc eu recours à une analyse de coût-bénéfice afin de calculer toutes ses actions, car dans une grande entreprise comme Ford, l’économie est à l’avant-plan. Donc, ce qui devait se produire s’est inévitablement produit. La valeur monétaire d’une vie humaine a été fixée à 200 725 $ américains. Suivant ce calcul, Ford est arrivé à la conclusion qu’effectuer un rappel serait plus couteux que de payer pour les dégâts humains causés par la Pinto.
La dimension juridique
le 10 août 1978, trois jeunes filles sont décédées lors d’un accident de la route sur la Highway 33 près de la ville de Goshen en Indiana. Les jeunes filles étaient à bord d’une Ford Pinto 1973. Une fourgonnette à percuter le véhicule à l’arrière. Elles se sont trouvées coincé dans leur voiture qui a pris feu. Peu après l’incident, un grand jury de l’Indiana décide d’intenter une poursuite criminelle contre la compagnie Ford pour homicide involontaire.
Par la suite, beaucoup de personnes ont intenté des poursuites civiles contre la compagnie. Le calcul qu’avait fait Ford s’est donc avéré inexact, car le coût des procès a nettement excédé celui prévu pour le rappel des Pinto défectueuses.
La conclusion
En 1980, soit 10 ans après l’introduction de la Ford Pinto sur le marché, Ford décide finalement de la retirer du marché, même si le problème avait été réglé quelques années au paravent, car la voiture s’est construit une bien mauvaise réputation.
Auteur: JEAN-SÉBASTIEN POUDRIER